Aux confins de la Russie et de la Chine, c’est une région oubliée que sépare le fleuve Amour. Chinoise au XVIe siècle, russe depuis une victoire de Nicolas Ier en 1858, malgré une brève incursion nippone, la Sibérie extrême-orientale se retrouve au cœur d’enjeux géopolitiques complexes entre les deux géants. Isolée après la crise en Ukraine et l’annexion de la Crimée, la Russie de Poutine tente aujourd’hui une alliance incertaine avec une Chine soumise à une forte pression démographique et pressée d’assurer sa survie énergétique et alimentaire. Alors qu’une population russe paupérisée déserte peu à peu ces terres, cent quarante millions de Chinois sont susceptibles de s’y installer, femmes et hommes d’affaires s’y aventurant en pionniers. Une expansion économique inexorable, tolérée autant que redoutée par Moscou.